Vous savez quoi?
Souvent j'ai peur.
De rien des fois.
De tout aussi.
Une vraie poule humide...
(c'est comme ça qu'on dit?).
Le regard de l'Autre me transperce.
Ses gestes me troublent,
Me questionnent.
Quelles sont ses intentions?
On se méprend.
On fantasme.
A l'orée du délire.
On croit des fois.
On suppute,
Suppose,
Subodore...
Comment se fait-il que tout paraisse danger?
Aux aguets.
A l'affût.
Sur le qui-vive.
Sans cesse en alerte.
L'échine frémissante.
L'oeil fébrile.
La confiance en berne.
Tant d'exemples me donnent raison!
De charniers en dégoûts.
Du mépris à la haine.
Les frontières sont fragiles
Et l'humain trop souvent les franchit allègrement.
Dans nos beaux habits du dimanche
On observe quelques uns faire la manche.
Tout juste un regard.
Un air désabusé.
Utopie perdue.
Les rues collectent nos errances,
Nos vies chimériques.
Là foisonnent des tas de sentiments.
On s'en fait des manteaux.
On se drape.
On se pare.
On se protège comme on peut.
On se tricote nos illusions.
Le paraître est de mise.
On s'attache à se détacher.
Quelques éclairs de lucidité nous donnent la nausée.
Vite dans nos refuges!
L'humanité donne à voir tant d'inhumain.
Nos tranchées nous rassurent.
Cocons en tous genres.
Un écran plat.
Le faste d'un repas de famille bien tranquille.
L'attachement dévoué à ses enfants.
Un lit.
Un toit.
Un câlin à sa femme.
Un job pas très bien payé mais qui assure quelques deniers.
Une voiture confortable.
Ces riens font notre tout.
Bien sûr il convient de temps en temps
De soulager sa conscience.
Alors on donne une pièce à droite.
Au téléthon.
Une pièce à gauche.
Aux bonnes oeuvres.
Puis on retire la couverture à soi.
Promptement.
Et si la générosité c'était autre chose?
Un défi pour l'humanité: exister dans la confiance.
Supporter le regard de l'Autre.
Se laisser interroger.
Un sourire vaut plus qu'un chèque.
Une simple attention bien plus que quelques millions.
C'est ce que disent les églises je sais.
Mais une église est un refuge, comme la télé ou le canapé.
C'est ailleurs que l'humain se passe.
Dans un coin de rue.
Même une impasse!
Aux antipodes du matérialisme.
Qu'est-ce que je fais moi pour changer tout ça?
Bin je commence à le dire.
Bientôt devant mon foie gras,
Les yeux rivés sur mon petit bonheur,
Je vais tenter cette fois de voir un peu au-delà.
Je ne désespère pas un jour
De vomir mon quotidien.
(Pourtant je l'aime, il est douillet).
Peut-être serait-ce alors
Que j'ai compris le sens du mot Révolte.
En ces veilles de fêtes j'ai un peu mal à mon Moi.
Et toi?
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