Le branleur

Il regarde les filles sur les couvertures,

A défaut de les avoir sous les siennes.

Sur papier glacé il attrape chaud

Et se construit une vie de couple à la force du poignet.

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Il a 15 ans, à tout casser.

Des boutons d'acné plein la face.

Sa daronne lui lave son linge souillé

Sans savoir qu'il vient d'accomplir son devoir oedipien.

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Il est mal dans sa peau, trop flasque,

Trop grande pour lui.

Il a besoin de se soustraire du milieu

Dans lequel on le ramène sans cesse à grands coups de contraintes.

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Il pleure parfois, rit souvent.

Il irrite son entourage quand sa voix déraille,

Quand il embaume le shit ou

Quand il pose, contraint, son téléphone comme s'il faisait un don d'organe forcé.

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Pourtant, il y a une dizaine d'années,

Tout le monde l'admirait naïvement.

Nul ne l'imaginait encore bien membré,

Viril comme un certain rival paternel.

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Lui, désormais guidé par la sainte verge,

Se voit parfois acteur porno

Bien que son braquemard turgescent

N'ait encore jamais enfilé le bonnet de bain pour aller à la cyprine.

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Il s'entraîne, se prépare longuement, altruiste,

Sur un traversin ou grâce à l'opportunité des pages du milieu de La Redoute.

Il se met en condition, élevé aux médias gores, 

Navigant fiévreusement  sur le moins net du net.

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Il va se civiliser sans doute, avec l'âge, la maturité.

Comprendre certainement un jour que la partouze

N'est pas la norme dans une vie de couple.

Il va, souhaitons-lui, poétiser sa sexualité,

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Devenir adulte, bien élevé, plein de conventions,

Attaché à son tour à contenir, comme il le peut, sa descendance agitée.

Et devenir, presque par magie, complètement amnésique

Sur le branleur qu'il a été.