L 'Afrique du Sud,

Merveilleuse nation aux stades luxueux

Remplis de noirs et de blancs soufflant à l'unisson

Dans des trompettes colorées et festives!

Merci à la télé

De nous rassurer sur le fait

Que les bidonvilles

Désormais c'est du bidon.

Merci aux médias enthousiastes

De nous ouvrir les yeux sur un modèle de fraternité.

Merci enfin aux stars du football

De conduire dignement

Le peuple apaisé

Sur la voie confortable et sûre

De l'ascension sociale.

Cadrages serrés sur des visages joyeux.

Des sourires de noirs enfin heureux.

Des écharpes, drapeaux lumineux.

Fermeture du stade.

On rend vite l'antenne,

"A vous Paris".

Un destrier non imposable.

Une épée éxonératrice.

Une côte de maille suisse.

Un heaume Rollex.

Un bouclier fiscal.

Et nous voilà partis en croisade.

Parler d'humanité
Devant une assemblée d'humains désoeuvrés,
C'est au moins aussi absurde
Que de chanter du Michel Berger
A un troupeau de moutons.

On croit toujours que ça les concerne
Mais ça les broute réellement.

Ah! L'indécence condescendante
Que de prétendre savoir se contenter de trois fois rien
Quand on a presque tout!

Une cuillère en argent dans la bouche.
Un compte en Suisse inscrit dans le patrimoine génétique.
Un air hautain et méprisant à souhait.
La bling-bling attitude
A tous les étages.

Une rollex affleurant un bouton de manchette nacré.
Le cul serré.

Récitant des cantiques le dimanche matin en famille.
Boursicotant nonchalamment le soir
Au coin de l'âtre de marbre blanc.

Toujours prêt à toute éxubérance mondaine.

Depuis la plus tendre enfance,
Torché à la soie.
Nourri au nectar.
Bercé par mille nourrices plus attentionnées que la bourgeoise de papa.

L'oeil blasé.
Sans plus aucun désir.
Le brushing toujours nickel
Malgré les tumultes du cabriolet.

Ne jouissant plus

Que par l'exercice du pouvoir.

Aux aspirations royalistes.

Aux ambitions politiques démesurées.

Ne battant le pavé

Que devant les vitrines de la place Vendôme

Ou dans quelques rues sûres de Versailles.
Flanqué d'une blondasse en tailleur chanel
Et de cinq bambins toujours sages et propres.

Petites chaussettes et cravate assorties.
Cuir du soulier luisant.
Sourire narquois ultra-bright.

Menton haut.
Torse fièrement galbé.
Regard injecté de vice.

C'est sûr!

En voilà un taillé pour "réussir"!
Un de plus à nous donner des leçons de vie et énoncer son avis sur tout.
Partout.
Un accroc de la gagne.

A n'en point douter,
Un futur vain coeur.

Au fil du temps

J'ai suspendu ma liquette.
Et ma carcasse avec.

La dame en noir passera
Quand je serais bien sec.

Pourvu qu'il pleuve cette nuit
Sur le grand étendoir!
...