Un peu d'histoire...
Se tenir à Caro.
D'après mes recherches, cette expression populaire aurait plusieurs origines.
La première proviendrait du monde des cartes à jouer, chaque emblème représentant une arme. Le cœur serait la noblesse, le courage. Le pique serait l'arme de l'infanterie et le trèfle le fourrage. Le Caro quant à lui représente le projectile tiré par l'arbalète. « Se tenir à Caro » signifie donc « être derrière l'arme », donc stable, en position de force.
La seconde origine serait un dérivé de l'argot « carette » qui signifie « chambre » et dans un sens plus figuré « cachette ». « Se tenir à Caro », ce serait donc se mettre à l'abri du danger.
Bon... Soit.
Mais pourquoi cette expression perdure-t-elle de nos jours alors qu'on ne trouve plus guère de gardes perchés sur leurs échauguettes avec leurs arbalètes, à part au Puy-du-Fou de temps en temps?
Pourquoi résiste-t-elle alors que l'argot n'est plus de mise que chez quelques vieillards gâteux encore plus incompréhensibles qu'un contenu de texto d'ado ?
Après des recherches historiques plus poussées, je sais pourquoi.
Cette expression s'est développée grâce au prénom Caro, légitimement issu de ces étymologies archaïques.
En effet, Caro s'est vastement répandu à partir de l'an 751 alors que Pépin devenait roi des Francs. La naissance du prénom Caro coïncide étrangement avec le début des Pépins.
C'est surtout Charlemagne, fils de Pépin, qui a contribué au développement de ce prénom.
En effet, après avoir eu l'idée plus ou moins lumineuse d'inventer l'école, Charlemagne, loin d'être con, inventa rapidement le jeu de cartes, anticipant par là-même les futures aspirations des lycéens et étudiants. Quel visionnaire ce Charlemagne !
Il s'inspira pour cela de l'air du temps en créant quatre emblèmes promis à un beau destin : le cœur inspiré de la bravoure chevaleresque, le pique inspiré de son armée, le trèfle inspiré des paysans et le Caro inspiré à la fois du projectile de l'arbalète et de la chambre à coucher, les deux passions principales de Charlemagne étant de tirer. C'est vrai, ne riez pas ! Pourquoi aurait-il baptisé son 3ème fils Louis le Pieux sinon ?
Ainsi se développa donc le fameux Empire Carolingien.
A l'époque, les filles baptisées Caro étaient vouées à devenir des femmes de caractère, à la fois fortes, assurées, dignes et fécondes. Le développement de l'Empire Carolingien fut ainsi directement lié à l'essor du prénom et donc à une invasion de femmes de caractère. Un caractère omniprésent qui fit s'arracher des cheveux à bien des hommes... à tel point d'ailleurs que le roi carolingien suivant se nomma Charles le Chauve.
Cet essor incroyable se poursuivit jusqu'au XV ème siècle où les anglais comprirent vite l'intérêt de coloniser ce prénom ; les grandes invasions anglaises s'étaient déterminées plusieurs lignes de conduites (les « lines ») dont la très stratégique CaroLine., d'où l'évolution du prénom vous l'aurez compris.
Une certaine Jeanne, rebaptisée Jeanne d'Arc comme pour se réapproprier le symbolique Caro de l'arbalète (parce que Jeanne d'Arbalète eut été assez ridicule), se mit en tête de bouter les anglais et les Carolines hors de France. Bien mal lui en a pris de se frotter à la puissance de feu des Caros ; ces dernières, du haut de leur extrême pouvoir de séduction et sûres de leur force féconde, ont ironiquement surnommé Jeanne d'Arc « la pucelle d'Orléans » en lui organisant un joli bûcher sur l'air joyeux de « ce soir on lui met, ce soir on lui met le feu »...
Du déclin de l'empire carolingien aux tentatives toujours vaines de destruction du majestueux prénom, subsiste aujourd'hui l'immortel Caro, toujours porteur de noblesse, de pureté, de sûreté.
L'expression « se tenir à Caro » désigne donc le fait, pour nous, de rechercher la présence rassurante et aimante de celle qui porte ce prénom surpuissant, au risque parfois de s'arracher les cheveux.
Cette expression tend à évoluer vers l'expression « tenir à Caro », beaucoup plus empreinte d'affectivité... mais ça, c'est une autre histoire.