Amis.
Allongé sous les châtaigniers.
La bogue au cul.
L'oeil aux vertes ondulations.
Planté sous l'ombre salvatrice du Castanea magnifica.
La source pas loin.
Compagnon de fortune des
Cupules épineuses encore jeunes.
Des sages troncs aux écorces torturées.
Egaré dans quelque châtaigneraie au bout d'improbables accès.
Guettant les mouvements de buis
Du sanglier tapis au fin-fond.
A l'affût, comme lui, des savoureux fruits piquants.
Je vous écris de ce pays
Qui n'est pas le mien.
Je vous écris de ce pays
Aux collines arides et calcaires
Où paissent chèvres et brebis.
De ces terres dépeuplées
Aux basaltes sauvages.
De ces plateaux myrtillant
D'où jaillissent les eaux fraîches.
De ces faysses cultivées jadis
Par quelques anciens aujourd'hui réfugiés près de l'âtre.
Je vous écris d'un endroit
Où le temps n'a guère d'importance.
D'un refuge
Aux hostiles apparences.
Le souffle long et calme.
La main sur la poitrine vibrante d'émoi.
Je vous écris
Oui
De ce pays qui n'est pas le mien.
De ce pays qui a su accueillir notre amour,
Notre toit
Et nos enfants.
Je vous écris
Simplement
Pour témoigner de cette admirable beauté.
Celle qui se tait.
Celle qui se laisse contempler
Sans artifice ni démesure.
Celle qui laisse l'Homme libre.
Libre de son destin.
Libre de sa condition.
Libre de ses choix.
L'attraction terrestre est plus forte ici qu'ailleurs.
Allez savoir pourquoi!
Moi j'ai choisi ce pays qui n'est pas le mien.
Où peut-être est-ce lui qui m'a choisi.
Et j'y vis un bonheur à ma mesure.