J'ai mis du son dans le pavillon.
Sorte de contre-pied rythmé aux mélopées sirupeuses des églises.
Accords clinquants et toniques.
Claquements de doigts réflexes.
Ecoute réflexive.
Des riffs intuitifs accrochés aux lobes.
Moeurs magiquement adoucies.
Ballades chaloupées en refuges salutaires.
J'ai instrumentalisé l'instrument.
Mentalisé le mental.
Saxos rageurs, engagés.
Beats détonnants, balances équilibrées.
Basses hautement calibrées.
Vibratos écorchés.
Paupières closes et coeur ouvert.
Mélomaniaque assumé, côté cour, côté jardin.
J'ai mis du son dans le pavillon
Et caché la clé de sol sous le paillasson bien sûr.
Oraison flétrie, horizon éclairci.
Membrane cérébrale estampillée de notes.
Blanches allanguies.
Noires enjôleuses.
Croches virevoltantes.
Watts crachés à la figure, insolents.
J'ai mis mon esprit à la portée.
Bercé, mélodieux.
Percé mais l'odieux
Reviendra sans doute aux silences.
Suspendu mon âme aux dièses et aux bémols.
Accordé ma confiance aux accords.
Traqué l'assassin phonique
D'un demi-ton sévère.
J'ai mis du son dans le pavillon
Et ouvert en grand la maison.
Sorti la musique de chambre.
Répandu les vibrations bien au-delà des murs, amplifiées à démesure
Comme pour charmer mes voisins,
Emouvoir le badaut.
Et pour dire la musicalité des sentiments
Que mon corps ne saurait traduire autrement.
J'ai mis des mots sur vos oreilles
Sans même les prononcer, l'air de rien.
Chanté ce qui me tient à coeur,
Interprété ce qui anime le choeur.
Emotions harmonieuses, ennemies de l'harmonie munie si pâle.
Chansons sans paroles, textes fredonnés.
J'ai mis du son dans le pavillon,
Dites-moi que j'ai raison.